breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

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le 9 décembre 2001, vers six heures du matin, la Villeneuve-de-Montereau, près de partir, fumait à gros bouillons devant le quai Saint-Bernard.

weekend sur la mignonne île des migneaux. la seine est haute, grise, elle coule lancinante dans l'après-midi, un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tient un album sous son bras, reste près du gouvernail, immobile. je le regarde de loin. je pense à celui qui, dans paris, erre ses bouquins à la main, celui qui nomme les rues comme des arbres exotiques et lointains. à travers le brouillard, le jeune homme contemple les clochers, tous ces édifices dont il ne connait pas le nom. comme il a l'air doux, un visage à adorer les icônes, les images de madone, un visage à errer neutre sans savoir jamais où aller, à suivres des rêves comme des réalités.

la rivière est bordée par des grèves de sable. on rencontre des trains de bois qui se mettent à onduler sous le remous des vagues. c'est drôle comme les mots coulent, roulent. assise à la terrasse je regarde la seine, dans mon dos le brouhaha du monde (bribes de phrases, incohérences du langage, une fille parle en anglais à un type qui lui répond en russe, des chaises raclent le parquet, il y a un bruit sourd et continu, comme une radio étrangère que personne n'écoute, à un moment quelqu'un s'exclame avec emphase, tu vois, hein, comme en mai 68, et son interlocuteur lui répond avec un geste évasif, oh moi tu sais les dates...) la rivière est bordée par des grèves de sable. on rencontre des trains de bois qui se mettent à onduler sous le remous des vagues. j'adore cette écriture, le liquide du langage, j'adore oui, je me fonds dans les livres j'en fais mes terrains de jeux, assise à la terrasse je regarde la seine, l'eau grise et claire, un miroir poussiéreux, les bateaux à vapeur remontent péniblement le cours du temps (la main en visière pour voir son nom, la villeneuve-de-monterau), c'est comme si tout se laissait aller au simple sentiment, toi tu es loin tu t'endors rue tronchet, je m'ennuie mais j'écris pour que tu en souries, pour que tu me laisses apparaître toujours à tes côtés, qu'à un moment très sérieusement tu dises, ça n'est pas un journal que tu écris ma chérie, c'est un commentaire composé.

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