breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

water tango

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mardi 12 février 2002

L les bras plein de fleurs, roses et blanches à la peau lisse presque irréelle (des renoncules à peine écloses). je pense - dans dix ans, vingt ans, comment se souviendrai-je de cette année là ? dans mon journal si journal il y a, ou dans mon bain ou au fond de mon lit je me dirai, 2001-2002, une année scolaire qui n'en fut pas une, je lisais bataille duras et puis quoi d'autre encore, salinger nabokov et tout flaubert, je passais des heures dans la salle de bain avec douze livres, deux paquets de gâteaux, trois tasses de thé et des millions de fioles muji qui sentaient le lait, à son ex-copain qui revenait à la charge un soir de solitude Z avait déclaré , très théâtralement et c'était place de l'odéon : mais mon chéri, mon corps n'est pas un bail à céder !

je portais des jupes troisième république et des bas couleur princesse (il disait : avec toi il y a des O et des bas princesse), je me maquillais devant la fenêtre pour profiter de la lumière, et le voisin d'en face en profitait aussi, j'écoutais gainsbourg françoise hardy les parapluies de cherbourg et juillet odéon, je buvais des mojitos avec L dans des bars éclairés à la bougie, et l'on parlait toute la nuit des temps passés et de notre éternel amour à venir, je m'endormais la nuit dans ses bras et l'éternité tombait comme un rideau noir sur moi, il y avait paris tout autour, la nuit se promenant le long de la seine avec la lune, le jour le long du boulevard saint-germain comptant les osselets de ton dos, il y avait un type dans ma rue qui me disait bonjour, il avait la voix des shadoks (claude piéplu ! disait T comme si cela coulait de source), j'allais moins au cinéma, je voyais moins de gens, je fréquentais moins de fêtes, je vivais entre mes livres et ma ville et ses bras offerts, la nuit, au bout du dernier métro, j'avais dans les poches des rouges à lèvres qui s'appelaient : rouge éclat, plum brandy, rose argenté, je rentrais le weekend chez mes parents, dans ma chambre sous les toits qui sent le musc et l'encens, c'était dans les moments les plus doux qu'il me manquait le plus, que j'avais envie de m'ensevelir dans son corps pour y dormir encore, toujours, loin de tout, protégée, défaite de moi-même, l'éternité.

c'était dans les moments les plus doux qu'il me manquait le plus, en plein milieu d'une conversation le soir avec ma mère, musique douce alcool brun dans de petits verres, ma soeur à l'étage qui lit dans le canapé, la maison calme de mon enfance et cette envolée soudaine, surgie de nulle part, entre deux mots deux souvenirs qui n'ont rien à voir, cette envolée soudaine d'audace et d'affection, comme on aurait pour un enfant, un tout petit garçon,  cette envolée soudaine qui fait rire et briller, oh presque rien en fait, une simple pensée, un bijou secret qui vous éclaire de l'intérieur et vous laisse loin de tout, protégée, défaite de soi-même, l'éternité.

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