breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

water tango

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mardi 5 février 2002

yesterday night, i cried myself to sleep

le vent qui souffle dans la cour. j'entends les arbres craquer comme des bateaux. il y a cette nuit froide qui tombe de partout, m'ensevelit dans sa fadeur, je me débats et je m'étouffe, c'est comme vivre sous une autre peau, respirer un air qui ne m'appartient pas ou bien peut être même respirer sous l'eau, - je suis comme une enfant, il suffit d'un mot de trop, une légère déviation du langage à laquelle je m'attache, un détail et le vent entre dans la chambre comme une bourrasque, j'ai les mains blanches et qui tremblent, je voudrais faire voler les livres les disques et les cahiers, je voudrais tout faire voler en éclats, le mal fou qui me ronge l'amour fou qui me hante comme le vent dehors dans les arbres, je voudrais tout faire voler en éclats quand j'ai peur, si peur que tu ne me comprennes pas.

elle est arrivée très blanche après minuit. je ne l'attendais pas. elle a gratté à la porte comme un chat. elle a vu mes yeux mouillés de larmes et mes lèvres tremblantes et sans un mot elle m'a prise dans ses bras. elle m'a couchée comme une enfant. c'était ce moment de la nuit, très doux et désolant, où j'avais envie de mourir. elle m'a couchée comme une enfant entre les draps blancs, et elle s'est couchée tout contre moi, m'entourant de ses bras. toute la nuit, dans la courbe douce de son corps, j'ai respiré son parfum. un parfum d'ambre et de musc blanc.

le vent soufflait à tout rompre dehors. les arbres hurlaient. leurs branches craquaient comme des voilures. elle a dit : les arbres sont comme des bateaux. je voulais rester là toujours. je savais sa bouche, je savais ses yeux, je savais sa peau, je voulais rester là toujours, dans l'indicible chaleur de nos corps enmêlés. elle a essuyé mes yeux avec sa main. je pleurais sans cesse, j'étais comme une enfant, chaque instant comme un instant de trop. elle était douce, toujours, comme elle a toujours été douce avec moi, les mains jointes sous la table au lycée déjà, et le sourire radieux des longues soirées d'été, sur la terrasse en attendant l'orage des grandes plaines du kansas, elle riait elle disait que rien ne lui faisait peur, que rien ne devait jamais me faire peur, elle disait : les rêves s'en vont à la mer comme d'autres s'en vont au sommeil et moi je serai toujours là. le vent soufflait à tout rompre dehors. sous mes paupières closes les arbres aux voiles tendues s'en allaient à la mer. sur mes lèvres les siennes, pâles, roses, comme en rêve, comme avant, comme toujours, pour retenir la nuit et rallier l'éphémère.

au matin, sur mon oreiller baigné de larmes, elle avait laissé entrer la lumière. 

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