breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

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jeudi 24 janvier 2002

à peine levée que la nuit tombe. H demande si elle peut passer ce soir. je lui dis, bien sûr, tu connais l'adresse, et pour le code de la porte, c'est facile, c'est la date de naissance de victor hugo. il fait doux dans les rues, un avant-goût de printemps, quelque chose dans l'air qui semble plus léger, plus transparent. L doit faire un exposé sur les châtiments. je me souviens que j'étais tombée dessus le jour du bac. que je ne l'avais pas lu mais que j'avais fait comme si, époque bénie où je croyais tout savoir quand je n'avais que quelques idées sur la vie, alors que maintenant non seulement je n'ai plus d'idées du tout, mais en plus j'ai vraiment l'impression de ne vraiment rien savoir du tout.

il n'y a plus d'eau minérale. L fait couler l'eau du robinet dix bonnes minutes avant de m'en servir un verre. mesures hygiénistes du dix-neuvième oblige, tu comprends. je comprends. mais je préfère la faire bouillir pour le thé. maman dit que je n'ai pas une alimentation équilibrée. je lui dis : qu'est ce que tu racontes, j'ingurgite un nombre incalculable de médicaments par jour. à la radio, un type s'exclame que victor hugo est bien le modèle parfait, mythique, de l'homme de gauche, du citoyen républicain. on ne dira pas qui a voté pour bonaparte en 1848 et encore moins qui fricotait avec les conservateurs jusqu'alors. bourdieu est mort. les jargonneurs de france-culture sont capables de ressasser ça tout l'après-midi sans sembler en être affectés un seul instant. ils sont même si détachés de tout que je mets un quart d'heure à comprendre qu'il est mort pour de vrai. L dit : ça doit être terrible de mourir d'un cancer. je lui réponds : oh tu sais tous les chemins mènent à rome. il y a un type dans l'immeuble qui écoute cosi fan tutte très fort toutes fenêtres ouvertes. je préfère les variations sur marilou de gainsbourg. il fait nuit noire déjà et je suis encore à moitié en pyjama. enfin, je dis ça pour la forme parce que j'ai horreur des pyjamas. je pense à X hier soir qui m'a bordée comme une enfant. je pense à X hier soir et je pense à X tout le temps. deux minutes plus tard H débarque avec un gâteau, "pour fêter le bicentenaire de la naissance d'hugo". j'enfile une robe et des gants. je descends dans la rue un instant, acheter des fleurs et prendre le vent.

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