| samedi 26 janvier 2002 ultra moderne solitude allongée sur la moquette rouge, les cheveux nattés, j'écoute alain souchon : ultra moderne solitude. je me souviens. papa, maman, les mains jointes, debout devant la cheminée. j'ai sept, huit ans, pas plus. robes à volants, rubans dans les cheveux. je tiens les mains serrées de ma petite soeur dans les miennes et nous dansons, nous dansons sur ce disque d'alain souchon, au beau milieu du salon, nous chantons, nous chantons ces paroles que trop jeunes alors nous ne pouvons pas vraiment comprendre, enfantines et légères, le coeur heureux à l'abandon, nous dansons, sous le regard fort et fier de nos parents nous dansons, ma soeur a les yeux effilés, très verts bordés de cils très noirs, elle est toute petite elle me tient les mains pour ne pas tomber et ensemble dans une seule envolée nous allons, |
| nous dansons, au beau milieu du salon, il y a la table basse en bois et en verre, la table que maman aime tant et nous dansons autour, un peu folles, il y a la lumière de fin d'après-midi qui tombe des hautes fenêtres arrondies, la lumière de fin d'hiver en longs camaïeus de bleu et de blanc et de gris, il y a le feu qui danse dans la cheminée aussi, ma soeur serre ma main très fort dans la sienne, elle sourit, nous chantons, nous dansons, papa et maman les mains jointes nous regardent et nous dansons, nous dansons, nous dansons, j'ai sept, huit ans peut être, pas plus, je suis une enfant, une toute petite fille, et pourtant, la musique coule, nous dansons, ma soeur me tient les mains sous le regard tendre des parents, je suis une enfant, une toute petite fille, mais déjà je sais, je sens, je danse dans toute la fugace fulgurance de l'instant, j'ai envie de pleurer si soudainement, j'ai sept ans, huit ans peut être, pas plus, je danse avec ma soeur dans le salon sous l'oeil tendre de mes parents et je sais, déjà, de la façon la plus claire et la plus douloureuse, que rien jamais ne dure éternellement. |