breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

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lundi 6 janvier 2002

parce que toi.

le soir, rue des barres.
les bonnes soeurs de l'église saint gervais ont rendez vous avec jésus christ.
moi aussi.

il est en retard, d'ailleurs. il a les yeux verts et les mains blanches, très longues et très belles et très blanches vraiment, - et surtout elles sont pleines de délicieuses pâtisseries. je lui pardonne tout.

les heures sanguines.  le souvenir de A, ses yeux noirs sur toute mon adolescence, ses yeux noirs qui m'ont donnée, plus que tout, un corps, un contact au monde. lentes heures indolentes dans les soirées de fin de semaine, les pièces longues et enfumées, encombrées. il était toujours là, à l'affût dans l'obscurité, fondu dans la musique. je dansais. je savais qu'il me regardait. je dansais. j'existais parce qu'il me regardait. les heures sanguines. tu fais couler l'eau chaude tu me plonges dans ta baignoire tu me sèches toute entière dans des serviettes babar. moi je dis des tas de bêtises parce que je veux que tu sois bien, que jamais rien ne puisse t'atteindre, te faire du mal. je dis des tas de bêtises et je suis très égoïste, je veux que tu sois bien, que jamais rien ne puisse t'atteindre d'autre que mes mains. les heures sanguines, voilà. j'écris. j'écris sans savoir quoi, comment, pourquoi. j'écris parce qu'il le faut, parce que je le dois. souvent, ça me dépasse, je voudrais juste que tout s'arrête (les longues heures indolentes, les orages dans ma tête), souvent ça me dépasse, mais je ne peux rien y faire. j'écris parce que c'est comme ça, parce que c'est plus fort que moi. parce que les mots m'emmènent, parce qu'il n'y a que ça qui reste. j'écris parce que la mort, l'amour, le désir, la folie douce d'être libre et comme intoxiquée de ça, j'écris parce que toi.

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