breathing under water...

(le journal d'ophélia)

vendredi 10 mai 2002

il y a la nuit, l'écriture, la musique. le bruissement doux de la pluie et du vent dans les feuillages des arbres par la fenêtre ouverte. il y a la nuit, l'eau trop chaude du bain, le murmure de la ville, et puis il y a ce corps, ce corps fou et qui me dépasse. c'est l'emportement en avant dans le temps, la volupté d'être vivant qui se porte comme un voile, la vie, l'immédiateté. ce sont des choses que je ne peux pas contrer. le soir tard je baigne ce corps de longues heures je le sèche je le soigne je l'embaume de crèmes et de poudres, je l'habille de rouge, de la soie et des dentelles anciennes, je le corsète dans une robe et puis je le parfume, je ne sais faire que ça, baigner habiller et parfumer ce corps de femme, ma pesanteur de chair et d'os, je ne sais faire que ça, je ne veux faire que ça, et puis sortir dans la nuit noire, s'en aller en avant dans la nuit noire, tout là-bas tout au bord vers les lumières qui dansent sur l'eau, les visages renversés dans les miroirs, se fondre, s'engloutir, s'oublier dans la multitude folle de la ville, l'ivresse des autres corps, s'effacer disparaître s'abandonner pour ne pas mourir, s'en aller toujours plus avant dans la nuit noire, n'être plus qu'un désir.

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