vendredi 15 mars 2002
esthétique de la rencontre. hélène dit : la rencontre est un hasard fortuit qui n'a pas de finalité (sinon, c'est une histoire). je dis : non, la rencontre c'est l'intersection du chemin inconscient de deux personnes en pleine disponibilité à la vie et qui se laissent aller (souvent) à la finalité d'un même lit. le moteur, le courant sous-jacent, c'est le désir. le désir et le hasard, c'est pareil, enfin je crois. je crois ça depuis que je suis toute petite, que ce qui m'arrive n'est que le fruit d'un désir puissant, un rêve amené à réalité. hélène griffonne sur le dos de l'addition du café, et je pense à Th, ma main étendue à l'aveuglette jusqu'à rencontrer la sienne (il faisait nuit noire et grand orage, C m'appelait en français depuis le court de tennis inondé de pluie), je pense à N sorti du rêve sous les cerisiers en fleurs, et moi j'allais dansante dans ma robe blanche, je pense à ce type aux yeux verts dans la rame folle que j'aurais suivi jusqu'au bout de la ligne 10 si ça n'avait pas été pour les yeux plus verts encore de X. je pense aussi au long voyage à venir, les forêts et les villes immenses, le col remonté jusqu'à la bouche pour se protéger du froid, le coeur ouvert et prêt à se donner au moindre sourire, le moindre geste, dans l'appétit fier et démesuré de tout ce qui viendra à moi.
hélène griffonne toujours sur son petit carré de papier. elle a les yeux clairs et porte, une fois n'est pas coutume, un soutien-gorge sous son pull rouge.
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