jeudi 14 mars 2002
quand je me réveille, le visage strié par la lumière qui filtre des persiennes et plus fatiguée encore que la veille, elle a mis l'eau à bouillir pour le thé et feuillète distraitement un magazine américain sur le bord de mon lit. - crois tu que l'on mourra inconnues ? me demande-t-elle soudain, inquiète comme une enfant. - je ne sais pas, dis-je, je ne connais personne. elle rit, un rire clair et qui résonne. je fais couler un bain. le téléphone sonne. elle me brosse les cheveux, longtemps. il pleut un peu et j'ouvre toutes les fenêtres. - allons nous promener, veux tu ? j'ai envie de prendre l'air.
penchées sur le bord des ponts, et tout le long des quais. j'achète des macarons au chocolat dans un grand sachet de papier qui se froisse sous les doigts. sur les terrasses ensoleillées des types nous regardent passer et elle me prend le bras. notre-dame depuis la proue de l'île saint-louis ressemble à un gros insecte prêt à s'envoler (ailes étendues, pattes repliées). j'adore la seine très verte qui avance en son lit dangereuse et superbe. j'adore les jardins jean XXIII où, entourée de touristes tout à coup je me sens si parisienne. j'adore, traversant les ponts pour aller dîner, la lumière bleue du soir dansant entre les jambes qui allonge les silhouettes jusqu'à la rive nouvelle.
la nuit, quand je ne peux pas dormir, elle étend sa main blanche qu'elle pose sur mes yeux.
avant - journal - écrire - après