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jeudi 22 novembre 2001

jeune, elle serait jeune. dans ses vêtements, dans ses cheveux, il y aurait une odeur qui stagnerait, vous chercheriez laquelle, et vous finiriez par la nommer comme vous avez le savoir de le faire. vous diriez : une odeur d'héliotrope et de cédrat. elle répond : c'est comme vous voulez.

marguerite duras
la maladie de la mort

 

vendredi 23 novembre 2001

j'ai essayé de faire du café. noir. très noir. j'ai essayé de le boire par petites gorgées dans de grands bols. pas à dire, j'ai du mal. trop râpeux, trop amer. je ne m'habitue pas. c'est peut être juste comme ça. on lit dans les livres que les gens boivent du café, ils ont toujours l'air de trouver ça bon. ils en reprennent, tous les matins. parfois encore un peu dans la continuité de la journée. je lis dans les livres que c'est bon, mais si j'y trempe les lèvres je fais la grimace.

bon, maintenant que j'ai essayé est-ce que je peux avoir du thé à la place ?

il faut écrire des futilités. il n'y a jamais que comme ça que l'on revient à soi. j'ai essayé de boire du café, je n'ai pas réussi. j'ai essayé d'aller en cours, je n'ai pas réussi non plus. je ferme les yeux sur la musique. je ferme les yeux dans la musique. il ne pleut même pas. décidément, rien ne va, mais c'est très bien comme ça.

...

la nuit bleue, silencieuse. une lettre de A, toujours très fort pour me rappeler mes erreurs de jeunesse. mais je suis encore jeune. et ce que l'on nomme erreurs, ça n'est jamais qu'un peu plus de jouissance arrachée à la vie. je me trompe ? tant pis. tant mieux. la nuit bleue, silencieuse. je suis douce douce douce comme la mer. il fait noir ici. je n'ai pas peur. je dors la tête appuyée sur un coussin rouge. on ne peut croire les promesses des jeunes filles de vingt ans. on ne condamne pas plus ceux qui avancent dans la vie par sentiment.

 

samedi 24 novembre 2001

j'ai l'impression d'écrire chez quelqu'un d'autre. j'ai l'impression d'être entrée par effraction chez quelqu'un d'autre. l'ironie du sort. je ne trouve plus mes repères, mes petits cailloux blancs le long des lignes rouges. il fait trop noir. tout est en berne. les mots, le temps. je voudrais bien dormir à nouveau, ensevelie dans le murmure de la mer. je voudrais bien, mais il est trop tard peut être, alors qu'elle remonte la rue hautefeuille son livre blanc serré sur son coeur, il est trop tard, quelqu'un est entré dans le jeu en faisant fi des règles, quelqu'un est entré dans le jeu qui a volé la couleur.

reste ça pour survivre : un coussin de soie rouge, des petits pots de yaourt à la confiture, un livre à couverture blanche et lisse qui, tenu tout près de l'oreille, chante les terribles amours endormies dans la mer.

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