breathing under water...
... living under glass

(un journal online)

 

index - ego - journal - miroirs - liens - écrire

11-10-01

entre les pattes de la ville qui ronronne

fragile comme le verre. aurélien du haut de sa garçonnière sur l'île saint-louis écoute la seine chanter la chanson de bérénice. je reste dans le demi-sommeil des matins malades, à attendre que L revienne, me parle, me prenne les mains et m'entraîne ailleurs, - loin.

devant notre-dame, la lumière de fin d'après-midi. N et JL nous rejoignent. j'insiste pour retourner vers saint-sulpice, j'insiste tellement, que N inquisiteur me demande doucement avec qui j'ai rendez-vous. j'ai froid. je parle comme une petite fille et pense encore, Bérénice avait le goût de l'absolu, elle était pire qu'un meurtrier...

dans la petite chambre de N, rue d'Ulm. je suis penchée à sa fenêtre, j'ai le coeur ouvert vers le vide, quand à l'intérieur la lumière basse et tamisée donne à la pièce des allures d'aquarium. pour un normalien abonné au Bocal, ça semblerait normal. plus tard, dans la rue, en marchant, N a mes côtés qui me demande pourquoi je n'arrêterai jamais, de jouer l'enfant, de tenir son regard, de rester dans le flou, l'apparat apparent. je lui dis que je ne sais pas, que c'est comme ça, et qu'il faut qu'il me croie. L et JL sont partis loin devant sur le pont. je le tire par le bras jusque dans cette petite boutique ouverte sur le quai, où un vieil anglais vend des livres avec son chat. D.H Lawrence, Katherine Mansfied sont toujours là. il me dit : tu es triste et tu ne l'es pas et je ne saurai jamais qui tu es. je lui réponds que moi non plus je ne sais pas, que c'est peut être tout aussi bien comme ça.

...

glissée à nouveau dans la nuit froide alors que tout le monde dort, je rejoins T et nous partons marcher le long des quais. inconnus. clandestins. il est deux heures, trois heures du matin. le vent balaie les rues. je marche les mains dans les poches et T me parle de l'an passé, lorsque lui broyait du noir, que moi je voyais rouge. nous passons les boum-boum des boîtes, les lumières des grandes places. nous traversons l'eau noire, boueuse, de la Seine méandreuse. sur l'Ile de la Cité, la cathédrale se découpe comme un décor de papier mâché sur un fond de toile noire. nous sommes assis sur un banc de pierre, entourés par l'eau et le ronron de la ville, et j'ai l'impression que le monde entier dort autour de nous.

oh, j'en dis, des bêtises. j'en dis des tas. c'est comme ça. quand je monte sur mes grands chevaux, c'est par jeu, par orgueil bienheureux, c'est pour faire enrager ceux qui n'osent pas. quand je suis triste, c'est par déception, par dépit de perfection. c'est parce que je n'ai pas réussi à bâtir des ponts entre les mots, les eaux boueuses, c'est parce que j'ai du mal à l'accepter, cette plaie merveilleuse.

avant - journal - écrire - après