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(un journal online)

 

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10-10-01

quand j'ai le coeur qui déborde, je me noie toute seule

remonter le boulevard saint-germain dans la nostagie des amours à venir. je marche un peu vite, je virevolte sur le bord du trottoir, - tout à l'heure, comme confondu le nom de ce restaurant japonais, sushi odéon, avec autre chose, une lointaine chanson. j'ai passé l'après-midi à prendre des bains très longs et relire Aragon. dans la foule parisienne et le mouvement du monde, je sens, je sais ma trajectoire, lancée merveilleusement, qui traverse paris comme une ligne de métro jusqu'à ses bras, son souffle, sa peau.

dans la file d'attente de l'arlequin, je pense à la tristesse infinie de mon pierrot lunaire. c'est le festival du cinéma allemand. je croise le regard de fer de Mr F, prof de khâgne à qui j'avais décrété à un conseil de classe que s'il ne me laissait pas finir mes phrases je ne le laisserais pas commencer les siennes. L a lu les horaires de travers, le film a commencé depuis une demi-heure. qu'importe. le ciel est rose, somptueux. nous allons dîner.

un restaurant rue des canettes. je pense à des choses idiotes, dire qu'il fait chaud à mourir rue du four, que ce jour-là à la sortie de l'éloge de l'amour, dans la lumière printanière, à la terrasse de tous les cafés j'ai cherché ses yeux verts, - en vain. L parle beaucoup, T boude, et moi je ne pense qu'à ça, des choses idiotes, et mon ordinateur encore plus idiot qui a décidé de me donner du fil à retordre (comme si ça voulait dire quelque chose). le serveur me regarde avec insistance. est-ce que je le connais ? il a les yeux clairs et une petite cicatrice sur la joue. je pense aux vacances de noël avec ma cousine, quand nous regardions avec passion les multiples épisodes d'angélique marquise des anges. je trouvais ce nom d'un ridicule difficilement surpassable. et toujours, L parle beaucoup et T boude. je fais des gestes sans importance, dis des mots dont je ne me souviens plus. je suis ailleurs, sur son terrain, son domaine, au coeur de l'automne et qu'importe le reste s'il m'aime ?

dans la rue, un space-invader rouge et bleu collé au mur. détour par la place saint-sulpice pour voir l'église illuminée. à la terrasse du café de la mairie, un jeune homme assis sous l'avancée de verre.

...

il me parle il me parle il me parle et je n'entends rien. nous sommes revenus devant l'arlequin. on va voir quoi déjà ? il y a les affiches d'Hiroshima mon amour qui me glacent les os et me brûlent le coeur. il me parle il me parle il me parle toujours mais moi je suis restée bloquée là-bas, dans l'émotion adolescente - urgente, brûlante - d'un amour à venir.

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