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(un journal online)

 

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14-10-01

moi je ne disais rien, j'écrivais

hier soir, allongée sur mon lit blanc avec un verre de jus d'orange et un livre. la douceur du samedi soir dans la maison de mes parents. je me souvenais de cette fête d'anniversaire chez B en classe de terminale. je revenais de paris où j'avais visité ce qui devait être mon lycée de prépa. j'étais fatiguée. je portais une robe bleue. Else avait des lunettes cerclées de fer à la façon des secrétaires des années cinquante. il y avait beaucoup de bruit, beaucoup d'agitation. je parlais peu, parce que j'étais un peu malade, un peu partie déjà dans l'expectative d'une année nouvelle, et quand B plus encore fatigué que moi s'était endormi sur le bord de mon épaule, je n'avais plus osé bouger de la soirée.

souvenirs, en vrac : angie au piano dans la grande maison de lenexa road. elle avait les cheveux relevés, c'était noël, toutes les petites américaines de notre école étaient amoureuses de leonardo dicappucino. retour en france, l'élancée de A vers moi, ses yeux noirs, dans la musique trop forte d'une fête de fin d'année. bien avant, les dimanches soirs en famille, papa écoutait ferré chanter aragon, j'avais les mains sèches, rougies par le froid, j'avais fait voler mon cerf-volant tout l'après-midi en haut sur le plateau, les pieds dans la boue et la tête dans les nuages. c'était l'époque douce de l'enfance devenue adolescence, quand chaque misérable chose prend une étonnante importance. le regard de l'autre trouant le silence, le contact d'une main dans le dos alors qu'on danse. les mercredis après-midis, il y avait R qui était mon amoureux et profitait que sa mère aie ses entrées à mon école de danse pour venir me faire voltiger le coeur. il y avait R qui était orgueilleux à la seule idée de pouvoir m'aider à agrafer le satin de mon tutu blanc. orgueilleux à l'idée de m'habiller. époque bénie, innocente. mes copines cancannaient, avaient des avis sur tout ce qui ne les concernait surtout pas. moi je ne disais rien, j'écrivais.

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