breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

unfortunatepressedfaerie, by Froud

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jeudi 4 octobre 2001

la neige sous la cendre

triste dans une salle de bain bleue. c'est aussi simple que cela. Sartre hier à la radio (un vieil enregistrement inédit sur magnétophone fait au fond du Gard) : le style, c'est dire trois, quatre choses en une. et puis tout de suite après : de toute façon, rien de ce que je dis n'exprime totalement ce que je dis. c'est peut être ça que je devrais tatouer sur la peau de mon journal. rien de ce que je dis n'exprime totalement ce que je dis...

je suis partie tard dans la nuit hier soir, loin des amoureux. je n'en pouvais plus de les voir, ces amoureux. ils s'embrassent ils se touchent ils se serrent l'un contre l'autre et moi j'ai mal au coeur, j'ai tellement mal au coeur, c'est le manque, la jalousie qui me ronge, je maudis le moment où leurs mains se retrouvent, quand moi en étendant le bras tout ce que je trouve c'est le vide rouge de la moquette, le vide blanc du bord du mur. miaou.

je suis partie, j'ai pris le métro loin, près des quais, au plus proche de l'eau, et j'ai retrouvé Klo dans un ciné pour voir no man's land. tout le long du film j'ai attendu qu'au moins l'un des personnages soit un tant soit peu plus humain que le précédent. rien n'est venu. j'avais mal au coeur, et tellement l'impression d'attendre des choses qui ne viendront jamais.

oh, je ne suis pas vraiment triste. je m'ennuie de lui, c'est tout. je vais je viens toujours mais je ne vis qu'à moitié. voilà. il se passe des tas de choses dans ma vie que je ne perçois qu'à peine, de très loin, comme s'il me manquait une clé pour tout déchiffrer, comme si... jours blancs, infinis. il va y avoir ce jour où je vais monter dans un avion vers lui. il va y avoir noël et les lumières fantastiques de ma maison d'enfance, ma maison américaine. il va y avoir tout cela, d'un coup, la bouche à la source tant manquée, et le coeur libéré...

et en attendant ? l'ersatz des jours heureux. oh, on exagère là, mademoiselle O, vous n'avez pas vraiment de raisons de vous plaindre. c'est vrai. c'est terriblement vrai. justement, je m'en veux tellement d'être un peu lasse et lointaine quand le monde entier est à mes pieds. mais je me fiche que le monde entier vienne à moi, tu sais, quand tout ce que je veux, c'est que tu reviennes, toi.

(assez maintenant, les mots font mal et j'ai trop parlé. juste se taire, dormir, se réveiller blanchie par l'aube, autre, éternellement autre de jour en jour, mais qui garde en elle pourtant et très éternellement ce même désir, cette même folie vers la vie, ce même incroyable amour)

avant - journal - après - écrire

c'est là, tout au fond du creuset humain, en cette région paradoxale où la fusion de deux êtres qui se sont réellement choisis restitue à toutes choses les couleurs perdues du temps des anciens soleils, où pourtant aussi la solitude fait rage par une de ces fantaisies de la nature qui, autour des cratères de l'alaska, veut que la neige demeure sous la cendre, c'est là qu'il y a des années j'ai demandé qu'on allât chercher la beauté nouvelle, la beauté "envisagée exclusivement à des fins passionnelles".
- andré breton : l'amour fou -