breathing under water...
... living under glass

(un journal online)

 

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06-10-01

on est prié de ne pas toujours tout prendre au premier degré

pas écrit hier. il pleuvait trop, le ciel était trop gris, trop beau. j'ai célébré l'automne avec une compote de pommes. maman qui changeait tous les meubles de place dans la maison. on écoutait un vieux live de jeff buckley. le feu crépitait dans la cheminée. j'avais les mains dans la farine très blanche, au coeur de la vie et je me disais, toute mon enfance, toute ma vie c'est cela, cette vieille maison aux poutres brunes, aux faïences claires, cette vieille maison pleine de chaleur, cette vieille maison qui nous abrite et nous resserre.

pas écrit hier, parce que ces moments-là sont immenses, ils ne rentreront jamais dans les boîtes en carton des mots.

quand j'étais petite et que toutes mes copines voulaient être hôtesses de l'air ou vétérinaires, moi je courais à travers la cour de l'école brandissant ma feuille verte en signe de ralliement, criant à tous vents que j'étais camille desmoulins. comme lui, je voulais faire le barreau de paris. être avocate, défendre la veuve et l'opprimé et refaire la révolution française. j'aurais peut être du. un goût de la justice né d'un idéalisme profond, un goût pour la rhétorique et, disons-le, la manipulation. j'aurais peut être pu. qui saura jamais où mènent les chemins que l'on ne prend pas ? ...

à la sortie de no man's land l'autre jour, K me demandait ce que j'entendais en disant que je trouvais ce film obscène. la blonde en tailleur sur le champ de mines qui se prostitue au pouvoir, c'est obscène. l'hypocrisie des puissants, c'est obscène. le fait flagrant de ne rien faire, aussi. et puis la semaine dernière, comme ça, participer à condamner un homme selon les bienséances de la petite-bourgeoisie (oh mon dieu c'est affreux oh mon dieu quelle horreur), parce que de toute façon c'est un méchant, il a fait des choses "pas bien" alors il s'agit de le punir, et qu'on se sent comme grandi de l'avoir fait, d'avoir agi un instant comme le détenteur divin de la loi tout autant divine, juger un homme sur ses actes tout autant atroces qu'ils soient sans un regard sur ce qui l'a amené à faire ça, les horreurs que lui même a sans nul doute subies, juger un homme avant de rentrer chez soi regarder ally mcbeal, au moment où l'on célèbre doucement les vingt ans de l'abolition de la peine de mort, vrai grand pas dans l'humanité et la pensée moderne, moi, en tout bien tout honneur, je trouve ça obscène. fin du discours.

...

à propos de madame de Sévigné (programme de khâgne cette année), et le fait de savoir si ses lettres, adressés à sa fille, relèvent de la sacro-sainte, deux points ouvrez les guillemets, "Littérature". L part dans des discours que je trouve tout à fait désobligeants sur les critères de ladite Littérature, classification à la limite du dogmatique, et moi, avec mon Manifeste du Surréalisme à la main, j'ai du mal à garder mon calme. on schématise ? L est en khâgne et je n'y suis pas. bon. même débat dix minutes plus tard au sujet d'une version anglaise que je l'aide à traduire. "toi tu es en khâgne, lui dis-je un peu méchamment, alors tu traduis par une expression idiomatique qui te rapportera des points au concours, moi je n'y suis pas et je suis libre comme l'air de faire ma traduction littéraire." libre, la demoiselle O ? peut être pas, mais au moins contente d'avoir choisi ses propres chaînes.

on vit comme on peut...

rouge, encore, toujours. musique, maestro, quelqu'un m'emmène cueillir des pommes de blanche-neige dans les prés du rougemont ?

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no offense meant, but to myself.