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L travaille à son bureau, je relis sans
cesse Aragon, et j'ai déjà écrit ça sur un
autre clavier cette semaine, le clavier du secret puisque les machines
ont, une fois de plus, décidé de se rebeller, et qu'y puis-je
sinon tâcher d'améliorer leurs conditions de travail, répondre
à leurs demandes syndicales et me ranger à leur côté
dans le silence ouaté de l'absence, un silence bien mérité
de toute façon, puisque l'écriture m'est subreptice ces
jours-ci, elle est futile et volatile comme un parfum de femme, elle s'adonne
très vite et se reprend aussitôt, tiens j'ai comme l'impression
de parler de quelqu'un que je connaîtrais bien. d'ailleurs ça
me donne envie de croquer dans une tablette de chocolat. tu dors ? ...
le temps passe, mais pas assez vite pour une fois
à mon goût. on ne m'y reprendra pas. le temps passe tout
entier dans l'attente de toi, la longue attente, l'affreuse attente, et
puis cette lettre arrive qui chante un peu le passé mélangé
et qui dit : quiberon seul peut donner aux amants un moment hors du
temps. alors je relève les yeux, et je sens tout le vent, le
gris du vent salé qui remontait des plages folles, et les mouettes
hurlantes aux becs de marmelade, le soleil étincelant sur la mer
étalée, je relève les yeux j'ai tellement envie de
pleurer et pourtant, pourtant, - pourtant rien, l'orgueil éclatant
(plus fort que tout), l'orgueil d'être aimée, même
de loin en loin, entre deux vagues et un instant tout blanc.
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