breathing
under water... (un journal online) |
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28-09-01 la vie est-elle un saucisson que l'on découpe en tranches ? lorsque Nicky était là, tout était prétexte à faire des bêtises. nous avions dix-sept ans toutes les deux. c'était un mois de décembre très froid, on s'emmitouflait dans des écharpes, on faisait des jeux de rôles tous les weekends, le soir on dînait sur la grande table, avec les verres bleus, parce que Nicky était là, parce que Nicky était venue du bout du monde, des antipodes exactes, pour vivre un moment avec nous. je rentrais des états-unis, elle nous arrivait de nouvelle-zélande. elle arrivait juste à temps, comme continuité logique de ma propre aventure. à son retour à christchurch, elle a accueilli un finlandais. la boucle éternelle. c'était drôle, notre complicité, nos fous rires au delà des mots, du langage. sans elle, je crois que je n'aurais jamais tenu le coup. je détestais le lycée. je m'ennuyais tellement au lycée. difficile de rentrer à nouveau dans le moule lorsqu'on a goûté à autre chose, un petit bout d'infini, sa propre liberté... elle revient le 1er décembre. |
il faudrait parler des gens. les gens qui font tout ce que l'on est. les gens qui aident, qui soutiennent, qui soulèvent. de par un mot, un sourire, une seule présence. un jour je lui disais, tout arrive toujours à temps. dans ma vie, tout est toujours arrivé à temps. les livres, les musiques, et les gens. tout est toujours arrivé à temps, parce que j'ai toujours été en état de disponibilité complète. ouverte. en attente de tout. dans cet état-là, tout est signe, tout est connexion avec autre chose, nouvelle correspondance. dans cet état-là, rien n'arrive jamais par hasard. le hasard, d'ailleurs, est peut être même mort, aboli d'un coup de dé... les objets traversiers, disait la Belle Dame (one whose name lies on water ?). les personnages-charnières, aussi. passer d'un état à un autre. il faut déjà admettre que la vie se découpe en tranches comme un saucisson, cela dit, pour pouvoir amménager des charnières, des passages. mais qui sait ? entre mes années-collège (excessivement désinvoltes) et mes années-lycée (excessivement réfléchies), il y a eu M comme une brûlure solaire, il y a eu L comme une révélation au vrai monde. des personnages-charnières, pour aider à se débarrasser de la vieille peau d'enfant, et pénétrer cet univers nouveau : la vie d'adulte... quand je vivais aux états-unis, il y avait Mom, bien sûr, qui facilitait tout, de par son rire, son incroyable rire. de par sa confiance, son amour, son écoute, elle légitimait tout, et je prenais confiance en moi dans un environnement nouveau... ma famille américaine ? une charnière avec un autre type de vie, évidemment. l'ouverture des possibilités. (et là sans transition aucune je pense à Ravalec et son effacement progressif des consignes de sécurité, Houellebecq et son extension du domaine de la lutte, Nothomb et sa cosmétique de l'ennemi, la preuve par trois de l'annihilation du sens dans le langage, la destruction de la rougeur des mots dans des titres glaciaux, glaciaires, - oui mais branchés - et ça me donne envie de relire La Belle Dame sans Mercy ou le manifeste Dada !!!) donc ? celui qui donne les clés du monde dans lequel on se débat. celui qui donne les mots, les noms des objets, des moments que l'on ne connait pas. celui qui apprend un nouveau langage, le langage d'un nouveau monde, d'un nouveau moment. celui qui tend la main, pour aider à traverser le petit moment de doute entre le rêve et la réalité. c'est lui, le personnage-clé, le personnage charnière. la Mère. l'Amour. l'Ami. l'Amant. et toujours, je reste là, dans le bonheur un peu étrange des gens à venir. |