breathing under water...
... living under glass

(un journal online)

 

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18-09-01

la vie continue

peler les pommes avec un couteau pour former un seul long ruban de peau rouge. petits tourbillons sur la table en bois. sucre. cannelle. l'odeur chaude et automnale de la compote.

le plus rigolo ? mettre les deux mains dans le beurre et la farine, moudre la pâte molle entre ses doigts, l'émietter, la fragmenter, la défaire, s'oublier dans ce mouvement. tout mettre au four. crumble aux pommes.

le WTC, tragique. le Rwanda, le Tibet, la Yougoslavie, tout autant.

la vie continue.

oui, la vie continue. je suis un petit peu malade, j'ai un petit peu mal au coeur. j'ai envie de faire des choses idiotes, rester des heures dans mon bain à lire d.h lawrence, chantonner sous la pluie grise et fine qui tombe comme un voile, dire qu'au delà de la vraie souffrance empathique, se lancer à bras le corps dans l'émotion médiatique que l'on veut nous faire avaler c'est légitimer à l'avance les pires actions de bush au nom béni de la "riposte".

...

un mois. juste un mois qu'il est parti. céline a appelé hier, elle voulait avoir de mes nouvelles, je lui ai dit encore qu'au moment où il est parti, elle était la seule personne que j'aurais jamais voulu avoir avec moi. nous étions tous les trois dans la maison de famille, tous les trois à faire des crêpes, grimper sur les collines et allumer la cheminée en plein mois d'août. j'étais très malade, je savais très bien pourquoi, j'étais très malade depuis le retour de bretagne, ces coups de vent superbes sur la presqu'île de quiberon et mon écharpe rouge qui claquait au vent. j'étais très malade et lui allait partir, céline riait beaucoup pour étouffer le mal, on allait se baigner on allait on vivait, et quand il est parti ce matin-là, j'ai été chercher des bûches dans la grange, je suis restée des heures le front contre le long montant de bois de la porte, avec la grosse clef noire très lourde dans la main.

ça n'est pas du manque, tu sais. le manque n'existe pas, le manque est quelque chose que l'on invente. c'est autre chose encore, quelque chose de très doux, d'un peu mélancolique. quelque chose qui me rendait triste la nuit dans mon grand lit, quand j'avais peur d'allonger la main pour n'y trouver que du vide. quelque chose qui me faisait rire, aussi, lorsque nous allions danser le soir dans les bals de province, lorsque je sentais tous ces yeux rivés sur moi et que je brûlais de leur dire, à tous, je n'appartiens qu'à toi.

je suis folle. je suis tellement jeune. un jour tu vas rentrer et tu ne vas plus jamais repartir.

...

hier, avec L, le bonheur de se promener vers chez nous. un nouveau nid, tout blanc, au coeur de paris, juste nous deux. finalement Klo ne vivra pas avec nous, elle va bientôt partir pour le Japon. nous, de notre côté, c'est l'achèvement complet. tu as acheté les assiettes ? oui oui j'amène ma grosse malle en bois brun, tu sais, pour servir de table basse. c'est vrai qu'elle est belle ma vieille malle. c'est un gros coffre à instants, à bijoux, à souvenirs, c'est une boîte magique qui chuchote des chansons douces lorsqu'on la caresse du bout des doigts. alors vala. emménagement immédiat. je ne sais pas si j'aurai internet là-bas. ça m'est égal. le matin je me lèverai dans l'odeur du pain grillé et L dira, bonjour, bien dormi ? je frotterai mes yeux j'aurai les cheveux tout emmêlés je bougonnerai contre le monde et ses obligations, et puis je me pencherai à la fenêtre pour respirer la lumière naissante du petit matin, la vie sera fière belle et ridicule, et vivre ensemble sera sublime.

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it's the end of the world as we know it and i feel fine...
- rem -