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(un journal online)

 

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03-09-01

tes mains sur mes hanches

c'est T qui m'a surprise ce matin. il est apparu comme tombé du ciel, surgi de nulle part, avec un sourire en coin et une veste cirée. il avait apporté les viennoises au chocolat. mes préférées.

ciel gris sur paris. j'écoute vespertine, j'écoute l'absente, je me prépare à l'automne, aux premières neiges d'hiver. L revient de montélimar avec le dernier soleil. quand on nous demande au détour d'un chemin si l'on se connaît depuis longtemps il n'y a qu'une réponse qui vient, naturellement.

depuis des millions d'années.

les heures sanguines. mon prochain journal s'appellera peut être comme ça, ou pas. quel que soit son nom maintenant, il s'appelle déjà un peu comme ça, de toute façon. les heures sanguines. ce moment de la nuit, ce moment de la vie où l'on se dit que toujours, on sera fou, on sera fier, on dira les mots qu'on veut, on fera l'amour qu'on veut, on cassera les verres qui protègent les gens, on rompra les liens, on trahira le temps...

les heures sanguines, ça n'est pas un passage prévu de l'adolescence. ça n'est pas une rébellion, une révolution aveugle. ça n'est pas même un cri, ça n'a rien d'un nouveau courant littéraire, politique ou pataphysicien. ça n'est pas même la recherche d'une meilleure place au soleil. les heures sanguines, ça n'est rien. ça n'est rien d'autre que la vie aujourd'hui, ou bien la vie demain. ça n'est pas une mode, pas un statut social. ça n'est pas même une façon d'être, un rôle que l'on se donne. c'est un peu de temps pris au temps. pour pleurer et pour rire, pour crier, pour aimer. pour vivre. emportée par le coeur, pour avancer dans la vie par sentiments, tout simplement.

...

tout à l'heure dans le vent j'ai aimé le goût de la pluie, l'encre du journal défaite par vagues, les cheveux qui s'envolent, l'ombre du soir qui tombe. il y avait des tissus qui pendaient des lampadaires. L s'endormait au cinéma. le temps me filait entre les doigts. je voulais prendre sa main et la garder dans la mienne, mais c'était une autre pression que je cherchais, d'autres avenirs dans les lignes d'une autre paume. nous avons fait des tas d'allers et retours sur les tapis roulants des halles. la rampe noire allait plus vite que les tapis eux-mêmes, emportait ma main en avant. j'avais besoin de toucher à tout. j'avais besoin de toucher à toi. je cherchais ton visage dans tous les miroirs, tous les reflets des vitrines. je cherchais ton corps sous les plis de tous les manteaux, entre les stries rapides et grises de la pluie. je voulais te dire, comme ça, comme j'ai besoin de ta présence autour et contre et tout en moi, comme j'ai besoin de tes mains pour réaffirmer la vie, en refaire les contours. lui redonner du sens et lui refaire l'amour. éternellement.

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