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02-09-01

la vérité, c'est que j'attends quelque chose

tout à l'heure dans ma chambre, je lisais sur mon lit, j'avais ma tasse de thé et mes sablés à portée de main comme une vieille lady anglaise, avec ce châle noir très long sur les épaules qui ne me quitte plus, ma robe, mes lunettes, un fond de musique, tout ça, et puis d'un seul coup ça m'a pris, j'ai relevé les yeux, je me suis dit : la vérité, c'est que j'attends quelque chose.

la fin des vacances, le début de l'automne, le retour à l'école dans mes livres et mes cahiers d'écolier, son retour à lui bien sûr, son retour superbe un matin de janvier dans le blanc de la neige, tout ça, de tout mon coeur, bien sûr.

mais pas seulement. pas uniquement.

j'attends quelque chose, je ne saurais pas dire quoi, quelque chose que j'ai toujours attendu, et qui - je le sais - viendra.

 

quand j'étais petite, j'attendais toujours le soir, ce temps sacré, secret, pour lire et pour écrire, se fondre dans le rêve et dormir. et puis par la suite j'ai appris à attendre, une nouvelle saison, un nouvel amour, un temps nouveau où se lover, se faire différente, changer. je m'en suis toujours voulue un peu. j'avais l'impression de m'empêcher de vivre dans le présent en rêvant à l'avance des temps à venir. mais ces temps rêvés finissaient par venir. et souvent, ils venaient plus beaux encore, plus fous et colorés. alors ?

je le sais bien, que j'attends son retour. il y a des jours comme ça où je vais et je viens et je parle à mon chat, je me lève pour goûter de pain et de chocolat, je me couche avec l'aube mes livres entre les bras, rien n'a changé mais imperceptiblement, déjà, tout est différent. je n'ai pas l'impression de ne vivre qu'à moitié, même si l'autre moitié c'est lui, je n'ai pas l'impression de rater des moments, des évènement, c'est juste que je vais je viens je parle à mon chat et je flotte, complètement, je reste là, les pieds bien sur terre mais la tête en suspends, le coeur qui balance, au bord de l'évanouissement.

...

oh ! ça ne me rend pas triste. de toute façon, je ne serai plus jamais triste. j'aurai toujours une musique dans la tête pour m'emporter au loin, une fenêtre ouverte, un truc de magicien, pour grimper sur la lune et regarder le monde de là-haut en battant des jambes dans le vide. non ça ne me rend pas triste, au contraire je suis bien. j'ai l'impression de rêver les yeux grands ouverts. j'ai l'impression que je viens de me réveiller dans mon rêve pour me rendre compte qu'il était vrai, et que la vie commence à peine.

un jour, j'avais quinze, seize ans, j'étais avec L et je lui ai dit : tu sais, je crois que je serai toujours bien. même en colère, même défaite de tout. je crois que je serai toujours bien. et si j'attends quelque chose, si la vérité depuis que je suis petite c'est que je sais que j'attends quelque chose, et bien ce quelque chose ça n'est sans doute rien d'autre que ce que j'ai déjà, et que je veux encore, que je voudrais toujours. les couleurs, les odeurs, les éclats de voix. le blanc du matin et puis le bleu du ciel et puis les nuits d'amour. la certitude totale, superbe, que même si je rêve les yeux ouverts je suis bien vivante, bien réelle.

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- être en bonne attente : être amoureux
- attendre : fait d'étudier jusqu'au XVIème siècle

- Littré -