l'immédiate

journal d'O.

lundi 30 décembre 2002

la nuit quand tout le monde dort, du salon bien éclairé instinctivement c'est dans la cuisine que nous sommes revenues pour parler, la cuisine dans ses odeurs de café, de fruits mûrs et puis de pain grillé, la porcelaine brillante des assiettes propres que l'on n'a pas encore rangées, les chiffons blancs sur leurs crochets, les boîtes à sucre, à sel, poivre, farine, épices, thé (petites matriochkas de fer blanc). ma grand-mère dans sa cuisine c'est une louve. c'est d'ici qu'elle nourrit le coeur de ceux qu'elle aime. c'est ici que l'on en vient aux confidences. c'est ici qu'enfant je me réfugiais pour que l'on soigne mes bras piqués aux orties ou bien mon coeur meurtri. la nuit quand tout le monde dort, je sais bien que l'on est ici au coeur même de son domaine, qui aussi le mien, qui est celui des femmes dans cet espace à elles où elles construisent toujours et consolident le monde qui tourne autour d'elles, patiemment, doucement, en secret.

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