l'immédiate

journal d'O.

vendredi 8 novembre 2002

dans le train toujours j'aime le mouvement en avant, le paysage qui s'étire dans la brume et la pluie, le vert de gris des prés qui se mélange comme la couleur à l'eau. les yeux encore flous de sommeil, j'aime que vous soyez là, à l'arrivée dans la foule, la ville alanguie par l'hiver. je ne vois que vos yeux, mon repère. vous dites que je suis belle, et je ne vous crois pas. vous dites que je suis quelqu'un que l'on regarde, je dis non, je souris, je remonte sur ma bouche mon grand col noir et mon manteau, je dis : bon et maintenant on y va ? dans le métro toujours le même mouvement en avant, et je tangue dans vos bras. quelque chose en moi du parfum lourd, la chaleur, la tendresse, mon propre corps me grise. troquer mon mohair à même la peau contre vos mains, il pleut toujours et le jour tombe, pourquoi le monde extérieur me vient-il par vagues, de grandes vagues très lourdes et qui descendent en moi comme un désir profond, ou bien une chanson ? le monde extérieur c'est un regard lancé, un mot, une lumière, tout ce qui n'appartient pas de mon corps ou le touche dans l'instant. vous dites que je suis belle, je dis : je le suis grâce à vous.

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