l'immédiate

journal d'O.

lundi 11 novembre 2002

langueur. des bains très longs, bougies, serviettes chaudes, musique classique. tout dans ces belles heures de langueur sent l'hiver : la nuit je lis Lermontov, Tchekhov, Dostoïevski (traduits par Markowicz). apprendre le russe ? pourquoi pas. apprendre le jeune homme blond du rayon de littérature russe de la librairie Compagnie ? encore mieux. de la neige, je veux de la neige aussi, et pouvoir mettre de grands gants noirs pour aller dans la ville, le col du manteau remonté sur la bouche. l'hiver est mon domaine. l'hiver est ma langueur. allongée sur le parquet j'écoute les bruits de la maison, le tic-tac de la vieille horloge, le vent sifflant dans la cheminée, et puis ma soeur comme tombant du ciel descend les escaliers à toute volée. je me lève, je mets un disque de Ryuichi Sakamoto, très fort bien sûr, et le chat fuit - dérangé dans sa sieste, d'ailleurs mon chat parle anglais, pas japonais ; je vide mes placards de toutes ces choses dont la présence ne me dérange pas d'habitude mais qui m'apparaissent comme éhonteusement hors-contexte lorsque dans mes grands accès d'enthousiasme je ressens l'urgence étrange de redéfinir les contours, je veux dire : me redéfinir par les choses que je possède. de fait je jette, en vrac et sans pitié : lettres, photos, vêtements et vieux tubes de rouge à lèvre, - je jette et puis je fais le deuil d'une période passée, une saison intérieure, un deuil heureux et libéré. je jette, je suis le mouvement lent des choses qui changent, autour et à l'intérieur de moi. plus que tout je crois, ce que je veux c'est faire de la place pour les rêves et les histoires à vivre, l'amour fou de vous qui toujours plus loin s'en vient comme la mer et puis envahit tout.

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