l'immédiate

journal d'O.

lundi 28 octobre 2002

et tout le monde est à table et tout le monde rit, chuchote, parle, tout le monde se penche sur les souvenirs, les photos, c'était quand la dernière fois que l'on est venus à Grenoble, tu te souviens il neigeait et on avait fait de longs tours dans la ville en tramway, on avait fait tous les magasins de chaussures de la ville à la recherche d'une paire de kickers ? mon arrière-grand mère vole de bras en bras en riant, et elle a 94 ans aujourd'hui. moi, dans l'alcôve, au téléphone avec mon grand-père qui n'a pas pu venir, je lui dis : tu sais, je suis heureuse d'être ici, mais j'ai peur aussi que ce soit la dernière fois, je pense à mon autre arrière grand-mère Lucie et comme elle me manque parfois, je pense que j'aurai aimé connaître ton père, j'aurais aimé connaître cet homme dont on dit que toi et papa vous lui ressemblez tant. mon grand-père est très doux au téléphone, sa voix se serre à peine, je les regarde tous dans le salon et qui rient et qui parlent et qui virevoltent, je lui dis : ça va trop vite, ça va trop vite. il fait non doucement et puis il me parle de son père, un peu, soudain il s'arrête et toujours plus doucement : rejoins-les, rejoins-les tous, tu sais ma petite O ça va trop vite peut être mais il faut tout faire maintenant pour ne pas pouvoir se dire un jour qu'on a pu perdre un seul moment.

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