l'immédiate

journal d'O.

dimanche 27 octobre 2002

à mon retour des états-unis en 1998 j'aurais été capable de me gorger de n'importe quel soap en VO pourvu qu'il me rappelle un seul instant ma vie là-bas, ces millions de choses pourtant évidentes et puis qui me manquaient, choses anodines et sans intérêt mais qui, faites par Steve et Carolyne ou mes amis prenaient une importance capitale et puis valeur d'antidote à tout, de rituel rassurant. dans n'importe quelle autre famille sans doute le seul fait de cuisiner le soir aurait été un évènement comme un autre, probablement une corvée, mais Carolyne toujours dès qu'elle se plantait devant le fourneau déclarait qu'il était l'heure de faire de nouvelles adventures in cooking, aventures souvent catastrophiques par ailleurs et qui se soldaient par un hum, now that is interesting tout à fait caractéristique de sa part et qui avait aussi rôle de signal : Steve alors démarrait la voiture et nous allions dîner dehors, il était bien onze heures du soir. le téléphone a sonné ce matin quand je venais juste d'aller me coucher, j'avais passé la nuit à regarder les premiers épisodes de la série once and again, dûment enregistrés par X ("tu vas voir c'est la classe"), je me souvenais de Carolyne me traduisant en bon anglais les épisodes de my so-called life et y allant toujours de son commentaire ("oh, bad hair day for angela!"), Nicky était au téléphone qui appelait de Nouvelle-Zélande et j'ai pensé soudain : oh what the hell am i doing here ?

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