l'immédiate

journal d'O.

mercredi 11 septembre 2002

fragments de nuit, sommeil en morceaux. je lis apollinaire : zone, je le lis à voix haute pour m'endormir toute seule, je le chante, je déclame : à la fin tu es las de ce monde ancien, la nuit est douce et pourtant, il y a quelque chose dans l'air qui me pèse et m'étouffe, qui me saigne à la gorge, bergère ô tour eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin, je me lève enfantine, quelque part le téléphone sonne et je ne peux pas répondre, je fais couler le bain, griller le pain, bouillir l'eau du thé, je fais les choses comme à l'habitude dans ma ville retrouvée et puis qui sent l'automne, les choses je les fais on dirait quelques fois qu'elles se brisent sous mes doigts et j'en reste étonnée, je suis déjà ailleurs, il pleut je crois un peu, la lumière roule sur les vitres, le soleil en morceaux, toute la journée j'ai erré avec la sensation terrible et puis déjà diffuse d'être en train d'étouffer.

aujourd'hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées
c'était et je voudrais ne pas m'en souvenir c'était au déclin de la beauté

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