l'immédiate
journal d'O. |
jeudi 5 septembre 2002 il dit que j'ai le sens du sang, l'appel à l'excès, la bacchanale rouge, une certaine violence intérieure qui est aussi celle de la mère qui protège son enfant, l'amour fou d'une ville ou d'un amant, un territoire de coeur, il dit : quelque chose d'une louve. j'écris : toute douleur est romantique, toute larme qui coule est déjà-vue, tout amour écrit s'offre à n'être un jour plus qu'un mauvais cliché, à défaut : un mauvais souvenir, on se met en boîte on se tape sur la tête pour rentrer dans des cases, ma mélancolie c'est quoi sinon de la complaisance (il paraît), moi je dis plutôt : de la lucidité ? je cherche les bras de l'homme partout, la vague douce, une plage où venir s'échouer. dans une société de représentation, j'ai peur de n'être qu'une image de plus ? oui mais avec du rouge à lèvres. vouloir appartenir, est-ce que ça fait de moi le contraire même de la femme moderne ? (il dit qu'il a lu histoire d'O à cause de moi, je m'en défends poliment mais non sans sourire) vouloir appartenir, définir son corps par celui de l'autre, ses mains serrées comme des arceaux tout autour de ma taille, ma poitrine, mon corps de femme, délirant, mon corps vivant ? je ne demande rien. je veux tout. je cherche l'homme qui connaît ma jouissance avant même de l'avoir goûtée. |
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