l'immédiate

journal d'O.

mercredi 4 septembre 2002

à chaque phrase que j'écris je suis déjà ailleurs. je dis : l'air est lourd avant la pluie, je sors pieds nus sur la terrasse je marche dans l'herbe fraîche, ce sont des choses vraies, un moment de beauté, des couleurs qui m'enivrent, mais le moment écrit c'est un moment déjà fini. je dis aussi : je m'étonne toujours de ce corps souple qui est le mien, ce corps délié, le mouvement voluptueux d'avancer dans la vie, la vérité c'est que mon propre corps me grise. la vérité c'est que mon propre corps m'emporte toujours plus en avant, que la seule jouissance (pure) d'être vivante est une jouissance dans le mouvement, un moment infini qui s'ancre dans la distance, le dépassement.

je dis ces choses-là parce que ce sont les seules choses que je connaisse. je les dis, je ne les explique pas. je peux dire aussi mon désir, ma colère, ma tristesse. le reste je ne sais pas. le reste c'est pour les journalistes, l'information extérieure ça se traite dans un niveau de langage qui ne m'appartient pas.

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