journal d'O.

dimanche 13 avril 2003

je voudrais bien connaître l'Espagne, le Mexique, le Brésil
les ombres seules du soir où dorment les oiseaux
je voudrais bien connaître et goûter toute la mer
des pays où l'on chante et l'on danse
sur un air de guitare
ou le souffle d'un roseau

je voudrais bien vivre cette Italie perdue
des films de Fellini et de monsieur Ripley
l'Italie du Mépris
celle du soleil qui brûle
celle qui est sans issue, sans peine, sans regrets
toute de lumière et de couleur vêtue

c'est le soleil qui manque, et puis que je voudrais

connaître la Camargue
ses petits chevaux blancs
fiers et souples et racés
les îles grecques aux hautes vagues
la couleur du couchant
et puis ce cormoran
qui nous suivait partout, qui faisait rire les femmes
et pleurer les enfants

je voudrais bien connaître l'Espagne, le Mexique, l'Argentine
les lacs comme des miroirs où l'on se perd dedans
les peaux les mains les danses
les couleurs de Cuba
les courts moments de gloire, au soleil
dans la flamme
où l'on se dit que l'on pourrait bien mourir là
seul
ou dans les bras d'une femme
avec la couleur qui descend dans les yeux
la couleur comme une vague
qui vous emmène au large, dans des pays heureux

je voudrais bien connaître ces pays de chansons
pour s'en faire des amis
une patrie, une maison

et plonger dans la mer comme en mon propre nom.

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