l'immédiate
journal d'O.

 

 

la fierté

05.12.03

le bain et les bougies, les livres par piles en équilibre dangereux sur le bord de la baignoire - un disque de nat king cole, du parfum, une robe impeccable - les bijoux lourds et noirs comme des grains de raisin, le noyau dur du rêve, qui me roulent sous la main - je descends les escaliers en brossant mes cheveux - une odeur de pierre d'ambre, de jungle, de shampooing - manteaux, chaussures, mes gants et mes foulards : est-ce que ça va dis-moi, dis-moi, est-ce que ça va ? il sourit. il a les yeux qui se fendent, d'un coup, des yeux verts comme les chats. mon père ce soir faites-place s'il vous plaît m'emmène au cinéma. on ira dîner quelque part d'abord, de la viande et du vin, on marchera un peu dans les rues froides, très calmes, avec la ville qui tangue et qui nous accompagne, les souvenirs, les mots, les foules et les couleurs que les avenues charrient, qui nous voguent dans le coeur, toute la ville qui est nôtre et qui garde nos secrets - le banc des peines d'amour, le parc des passions pures, la placette des attentes, et tout ce qui reste à vivre, qui reste à inventer - tu presseras le pas et puis moi à ton bras, riant, faisant l'enfant, ton enfant de vingt-deux ans, ta fille aînée, frondeuse, qui t'aime à la folie - je dirai ohlala j'en profite, il n'y a que quand je sors avec toi que j'ose mettre des robes si courtes.

 

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