l'immédiate

journal d'O.

samedi 1er février 2003

plus encore que ce que je pouvais être en train de dire, je le savais, ce qui l'énervait c'était d'abord ma façon un peu maniérée de le dire, mes sourires et puis comme je regarde toujours un peu ailleurs, cette espèce d'assurance du corps vers le dehors, ma jupe droite impeccable, mes mains blanches, mon clin d'oeil à K qui s'approchait. elle m'en voulait de ça, de cette apparente aisance à la vie qui l'agaçait, qu'elle jalousait, les deux jeunes américains dont elle était censée se charger et qu'elle traitait comme des idiots étaient venus tout naturellement à moi dès le premier problème. elle vipérait. elle cherchait une faille où s'engouffrer. je riais. je jouais les futiles, les mondaines, les pin-ups, tout ce qui pouvait possiblement l'excéder. elle avait déplacé le motif de reproche d'une manière d'être à une manière d'apparaître. je savais qu'elle n'attaquait que parce que soudain devant les autres et face à moi elle s'était sentie idiote en salopette, informe, maladroite, peu désirable, donc peu crédible. je m'en suis voulue un peu. j'ai l'habitude de ça. il n'y a jamais de demi-mesure dans mon rapport aux femmes. elle a fini par claquer la porte. K a applaudi.

avant - écrire - après
ego - journal - archives - blog