l'immédiate

journal d'O.

mardi 4 février 2003

un jour, habiter là-bas, une grande maison comme dans un rêve, avec des granges encore froides d'hiver, des rondins de bois entreposés en carrés, très durs aux doigts, la fenêtre brûlante d'une cheminée. l'attirance à l'espace. courir aux prés et aux fontaines. un cheval pour aller fendant l'air et les hautes herbes au loin. la bibliothèque aux pages cornées. j'aurai un grand lit blanc avec des montants de fer forgé, des livres et des cahiers, une méridienne à la lumière de la fenêtre. la maison aura des murs larges comme l'embrassée de deux bras. des murs de pierre et d'eau, un grand corps de ferme comme on en fait au pays. on y montera à pied par des chemins sinueux, serpentants, traversant tour à tour la forêt, l'eau verte des sous-bois, la lumière froide des étoiles, le ciel, le silence et le vent. il y aura aussi un petit lac aux reflets gris, l'été les enfants aux genoux abîmés à la terre feront voguer leurs bateaux, rouler les pierres des ruisseaux dans les moulins à eau. j'aurai mon bureau face à la vue, au loin la ligne douce de mes montagnes tenant tête aux orages. passées les aubes rouges et roses un homme viendra s'asseoir à la fenêtre, les cheveux en désordre, yeux fendus comme au couteau, désinvolte et rieur et puis fumant peut être. on fera l'amour tout de suite et sans parler, quand le matin déjà la pluie tombe et les enfants crient de joie dans les chambres.

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