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l'immédiate
journal d'O. |
jeudi 6 février 2003 le chauffeur du taxi me parle de la guerre. il dit qu'il l'a vécue, lui, dix ans, au Cambodge. on brûlait les villages. sa femme est morte là-bas, sa famille, ses amis. sa maison n'est plus qu'une trace sur le sol dont il oublie la forme. la langue même il l'oublie, la langue de son pays. il faut continuer dans la vie et sans y croire pourtant. l'espoir repousse à peine là où l'on sème le sel. la guerre il la porte comme une balafre énorme sur le front et puis la plaie béante je la regarde idiote dans le rétroviseur. il dit : les gens qui veulent la guerre ne savent pas ce qu'est la guerre vraiment. |