l'immédiate

journal d'O.

jeudi 9 janvier 2003

l'année de l'hypokhâgne j'ai aimé ces longues heures de travail dans la chambre, l'abattement de la nuit au travail, les mains dans la lumière et tous les livres étals. j'ai aimé pareillement les soirs de tristesse morne, seule dans l'appartement, et puis Cécile rentrait, on écoutait Reggiani, on pleurait, on riait, on était bien ensemble. j'allais au cinéma la veille des examens, Cécile disait Rimbaud jusque dans son sommeil, nous allions dans la vie avec une aisance nouvelle, l'illusion de liberté au sortir de l'enfance, nous étions tout puissants puisque tel était le discours de l'école, l'élite de la nation, et qu'est ce que ça pouvait bien faire, tout me passionnait même la tristesse latente, quand d'autres préparaient un concours moi j'allais affamée de lectures et d'amour, les longues nuits de phosphorescence infinie alors il fallait lire, écrire, fuir les très arides dissertes de géographie dans le mouvement de la ville, ou la cartographie autrement plus poignante du corps d'un garçon.

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