l'immédiate

journal d'O.

rouge et or pour l'été

 

dimanche 13 juillet 2003

sur le bord du monde et de la lumière, chancelante, les yeux brisés et puis qu'importe, je me sens dangereuse et fragile comme jamais, la vie arrive trop vite, un uppercut au ventre. je sais que c'est normal, je sais que c'est nouveau et puis qu'il faut du temps, je sais que je ne suis pas la seule ici dans cet état de choc, dans ce groupe bouleversé et qu'il faut reconstruire au fil des événements, il est fragile et tendre le tissu militant, social, associatif, on se sait tous frères d'armes pourtant on se demande tout le temps : est-ce là vraiment ma place, est-ce que je suis dedans ? j'ai grandi dans ces sphères, j'ai construit mes repères sur ceux de mes parents et de mes grands-parents, c'est très violent soudain de devoir se placer dans cette masse toute seule, de devoir questionner ces valeurs pour moi familiales et qui semblent évidentes, les resituer dans la crise culturelle du moment, son impact, sa signification, la ville folle et sanglante balayée par le vent. les mots s'envolent partout dans les forums, dans les AG, à la chartreuse, au cloître saint-louis, dans les théâtres. des mots, des mots, dans des microcosmes qui ne se reconnaissent pas. tout le monde veut parler, personne n'écoute plus rien. depuis que je suis arrivée dans cette ville folle une seule phrase me revient, une phrase de Ferré : nous vivons une époque épique, et nous n'avons plus rien d'épique...

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