l'immédiate

journal d'O.

rouge et or pour l'été

 

mercredi 16 juillet 2003

de très loin je regarde les gens qui rient et qui se parlent, qui font trinquer leurs verres, tous sont là dans l'instant, un instant partagé et puis peut être alors je suis dans l'apaisement, le sentiment étrange de me trouver doucement, d'être bien accompagnée. V s'en vient en silence et il prend mon carnet, il en nourrit deux pages de son écriture fine, deux pages que je regarde lentement se remplir et dont je n'entrevois que quelques phrases coupées, cachées par son poignet, la peau blanche de sa main, l'ombre longue de son verre, c'est à devenir folle de désir et d'amour, c'est lent et sans souffrance, montueux comme la mer, la vague neuve et immense qui navigue sous la peau, qui trouve seule son chemin, celui du ventre ouvert et des yeux demi-clos. il referme mon carnet, il s'en va, il revient, il m'agace à la fin à m'échapper toujours, à être ce chat étrange et qui griffe tout le monde, qui me ménage à peine, qui s'en fout de la nuit et la ronge comme son coeur, à l'alcool des amis, à la langueur des femmes, à l'écriture fuyante, la beauté, la douleur.

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