|
l'immédiate
journal d'O. rouge et or pour l'été |
samedi 19 juillet 2003 la nuit dans ma robe de danseuse j'erre dans les couloirs en damier noir et blanc, et je fuis les lumières, et je perds mes rubans, et je passe en fantôme dans les scènes à demi-démontées qui brillent sous la lune pâle comme des machines monstrueuses, qui attendent en silence la fin douce et fatale, qu'on les mette tous dehors ces comédiens coriaces qui s'évertuent encore à venir répéter dans toutes leurs langues étranges des rôles perdus, défaits, des rôles de princes déchus que plus personne n'attend. V surgit de nulle part, là-bas dans la chapelle les autres font les clowns dans leur tendre désespoir, on les entend de loin chanter des choeurs anciens et puis l'orgue résonne, aussi, dans le grand lycée vide aux mille pierres sans âme, quand on nous appelle V me prend la main et m'emmène doucement sur les dernières estrades. la lune tombe du ciel comme un faisceau de projecteur. le ciel est rouge, étrange, sans attente et sans peur comme ses baisers sans fin, comme sa peau très douce, ma robe toute effeuillée. il me regarde comme rêvée. il dit : c'est revoir Garbo dans la Reine Christine. il est là devant moi enfantin et puissant, j'ai envie de pleurer et jubile de bonheur, il est là avec moi et m'embrasse sur le coeur, je dis oui, oui encore, sa bouche rouge à mon ventre dans les jardins de la Vierge. |
index - journal - ego - archives - © 1999-2005 |