l'immédiate

journal d'O.


samedi 10 mai 2003

dans le train qui file je regarde les mains de L, et ses yeux, et sa peau, mes seules attaches, les seules que je tolère. l'adolescence douce on dansait tout le temps, la nuit dans des fêtes sombres, à tes bras recueillie, folles et fières et furieuses comme ivres de désir, bride abattue à la vie. on n'avait peur de rien. on se relevait de tout. on s'emportait l'une l'autre dans le même tourbillon, la même danse effrénée, celle qui dit : je veux tout. tu prenais mes deux mains, je renversais la tête, à seize ans l'abandon. je traversais la nuit comme pour mieux m'y échouer, à toute allure. je voulais tout du monde, penchée aux balustrades, flirtant outrageusement pour mieux te retrouver. la peau un feu de joie, infinie, dangereuse, louvoyante dans la foule et donnée à tes yeux, les types qui t'approchaient je leur aurais lacéré la figure.

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