journal d'O.

dimanche 11 mai 2003

chapeaux fleurs champagne dans le jardin et puis le chat couché dans l'herbe très verte, je suis un peu heureuse, beaucoup, passionnément, à la folie, à quoi tu penses me demande-t-on, je pense à rien je pense au café bu dans les tasses blanches sous la glycine et le lierre emmêlés, au voisin remarié avec une belle québécoise et les fous rires du nouveau monde qui fusent par dessus les murs, je pense à ma grand-mère qui dit je suis une femme et une femme fait ce qu'elle veut mon cher monsieur, ma robe à volants très kitsch une robe à danser toute la nuit et puis les bras d'un homme, ces rêves immenses que je traîne avec moi ces rêves qui se poursuivent de nuits en nuits de lits en lits et qui ne parlent tous que de toi, toi sans frontières sans limites du coeur profond des villes à l'orée des silences et puis qui n'est peut être rien d'autre que mon furieux désir de me jeter à l'eau, de tout prendre sous la peau, la vie inassouvie, le feu, la folle allure.

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