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l'immédiate
journal d'O. |
vendredi 23 mai 2003 j'erre dans la maison
comme dans ma tristesse douce. livres. musique. thé rushka. mal
dormi, pas dormi, rêves profonds, bouches absentes, léger
dégoût de soi, le corps immense et qui m'enterre. j'erre
et je vais doucement à travers la journée comme à
travers un voile - tout à l'heure le bain brûlant et les
yeux noirs aux grands miroirs, robe rouge, parfum fort, l'air épais
du dehors et puis au bras de L marcher peut être sur le pont de
bir-hakeim dans les saxophones fous du dernier tango, après
danser longtemps, yeux clos et bacardi, nos vingt ans réunis, les
gens qui nous regardent, comme ça nous est égal, facile
à la folie de rallier les regards dans la foule alanguie, facile
et dérisoire, emportée par la nuit je n'aime que tes yeux
pâles, je crois que je souris. |