journal d'O.

jeudi 6 mars 2003

il y a quelque chose de trop ample, trop présent dans ma propre peau quelques fois - quelque chose du corps qui demande le regard, la caresse, le vertige, l'amour fou. ça monte soudain très fort dans la poitrine. c'est là comme une boule très chaude et qui grandit. c'est là comme un corps à l'intérieur même du corps, et qui voudrait tout faire voler en éclats de la nuit. je sors prendre la foule, la ville et les lumières. je cherche la musique et le bruit de mes propres pas sur les pavés. j'ouvre grand les yeux dans la vitesse. je danse comme folle, tête renversée. la foule est mon berceau. il n'y a d'autre répit que les mains de l'homme enfin, les mains très blanches et puis qui serrent à la taille. qui serrent plus fort encore et les yeux se renversent. il n'y a d'autre répit que la main-mise sur l'autre et toute sa chair, quand ouvrant grand ma chemise je l'engouffre tout entier dans ma poitrine.

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