l'immédiate
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la surface des choses 03.11.03 dans les trains je me promène à travers le temps - j'aimerais toujours à la folie le phrasé des années soixante - tout s'en va, loin très loin, je n'arrive pas à être triste. je me sens à tout moment et en même temps femme fragile, femme enfant, femme battante et ravageuse à la nuit pâle, avec le coeur brûlant comme arrachée de la poitrine d'une autre, une fêlure à moi-même où je puise ma tristesse et ma force tout autant. qu'est-ce qui me passe sous la peau et qui me jette de l'avant, amoureuse solitaire, orgueilleuse par défense, la tendresse toute au monde, profondément fragile et qui se moque de tout ? l'herbe est insupportablement verte le long des voies ferrées, je me passionne toujours pour la lumière qui s'y perd, les wagons de fer abandonnés, et ces voitures qui filent en parallèle sur les autoroutes lointaines, où vont-elles et pour qui ? à Paris, gare de lyon, personne ne m'attendait. je pensais à Rilke : est-il possible que, malgré inventions et progrès, malgré la culture, la religion et la connaissance de l'univers, l'on soit toujours resté à la surface de la vie ?
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