l'immédiate
journal d'O.

 

 

partir quand même

06.11.03

il y a un moment très difficile dans le film de Grémillon, Remorques, où Michèle Morgan toute offerte au regard de Gabin dit : je suis venue avec l'orage, ce soir l'orage revient me chercher... l'homme ne comprend pas, l'homme est un homme de la mer, du danger, un homme de la propriété, la mer même lui appartient croit-il, n'a-t-il pas été dit, tout au début du film et puis dans tous les ports du monde, "un marin a deux femmes, la sienne et puis la mer" ? Morgan fait ses valises, elle sait ce qu'elle a à faire, il faut quitter l'autre au moment difficile, ce moment du plein désir, bien loin avant la fin, pour éviter le pire, la déchirure idiote, ridicule, misérable, les comptes à se rendre sauvagement, les pleurs ou l'affaissement, tout sacrifier encore au goût de l'absolu - c'est une erreur flagrante bien sûr, je le sais, je m'en fous, Morgan s'en va et puis elle ne pleure pas, il y avait une chanson de Françoise Hardy aussi qui disait très bien ça, et puis une chanson de Barbara, parce que les femmes savent ça, que la fuite les sauvera : c'est parce que je t'aime que je préfère m'en aller, c'est mieux, bien mieux, de se quitter, avant que ne meure le temps d'aimer...

 

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