l'immédiate
journal d'O.

 

 

le monde extérieur

08.11.03

d'ici à un petit peu plus loin j'ai troqué mon trop clair vénitien pour un brun-roux de fin d'automne, toscane disait la coiffeuse, je suis très forte pour faire la conversation aux coiffeuses, aux vendeuses, aux concierges, aux facteurs, aux chauffeurs de bus ou de taxi, aux ménagères de plus de cinquante ans, aux travailleurs, aux touristes, aux enfants, aux badauds, tous ces gens qui se cachent derrière des images, des statuts sociaux, les métiers de la vie, le type de la mairie hier pas pu m'empêcher de lui faire les yeux doux et puis aussi un speech impossible comment ça mon empreinte digitale je ne suis pas assez fichée par l'Etat peut être, aie aie aie c'est toujours plus fort que moi (les yeux doux ET les grands élans libertaires), dans le salon de coiffure au milieu des fausses blondes je suis la seule idiote qui demande des cheveux plus foncés, souvent les salons de coiffure les journaux les boutiques pour moi c'est un vrai choc culturel mais je m'adapte à tout, je me mélange à tout, souvent je me déteste d'être si snob dans mes choix, exigeante dans mes goûts mais pour le monde entier me vient une tendresse que je ne sais pas avoir pour moi, et je n'existe ici que si j'existe pour d'autres, je ne sais pas être déçue, je ne sais pas être fâchée, je suis une intello anarcho quelque chose infidèle et brûlante, je suis ce que l'on veut, je m'en vais tout le temps, je veux vivre pour des gens, des pays, des idées, faire des livres, faire des films, des enfants, une révolution de tous les instants contre toute forme de pouvoir, de répression, de bêtise et puis d'obscurantisme, c'est ce qui tient vivant, désespéré parfois mais au fond bien vivant, parce que la lutte est là, tout le temps, dans la vie, la coiffeuse le facteur ou l'enfant quand on le leur demande eux aussi ont un avis, des idées sur le monde qu'ils n'osent pas toujours faire savoir puisque d'autres parlent fort pour eux, et c'est cette parole qu'il faut reprendre tout le temps, qu'il faut réinvestir, la bataille elle est là je crois d'abord à faire dans le langage, dans la vie de tous les jours - désapprendre la glose, savoir se dire soi-même, tisser les liens puissants qui sont ceux des gens libres.

 

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