l'immédiate
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que ma joie revienne 10.11.03 l'abattement. mon coeur sans raison s'est brisé dans la nuit. j'avance dans la journée et puis il me faut déchirer, à chaque pas, à chaque geste, un voile épais qui couvre les choses, un drap jeté comme dans une maison vide, abandonnée pour la saison, tirer les volets sur la vie pour un semblant de lumière - chaque pas, chaque geste me coûte, toute ma peau m'échappe, mon langage me dégoûte. je pleure comme une enfant. je voudrais m'abîmer. je me sens vide du monde et volée de moi-même, filant à toute allure avec la tête folle, une fois la nuit tombée on se croirait sauvé mais le pire est à venir, les longues heures calmes et tendres, sans amour, sans étoiles, toute cette beauté du monde qui ne me touche plus, et je pense à la mort comme à un jouet toujours neuf, la tentation du diable d'un tout dernier orgasme - tiens, qu'est-ce que ça me rappelle, me revient de très loin la voix de la jeune japonaise : tu sais antoine j'aimerais bien qu'on se suicide ensemble - je sursaute - il est tard - je jette de l'autre côté de la chambre mon oreiller trempé de larmes - vite vite où est-elle - j'enfonce dans le magnétoscope la cassette de domicile conjugal.
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