l'immédiate
|
sure she can 28.11.03 sure she can. on se lève au matin juste après la tempête et puis la mer est d'huile. dans l'enfance déjà il y avait ce sentiment exact de pouvoir être sauvé par la quotidienneté. chaque jour était une vie séparée par un gouffre qui ne retenait de moi que quelques lambeaux de rêves accrochés aux grandes ronces. je découpais le temps en de minces tronçons d'heures et d'une minute à l'autre j'avais changé d'avis, de robe, d'habitude ou d'ennui, le monde toupie tournant à toute allure m'emportant avec lui n'avait jamais la même couleur. sure she can. depuis les premières heures la voix est là, très fine, qui ne vient de nulle part. toutes les portes de la maison grincent tout à coup et c'est comme un immense salut à ma tristesse. tout à l'heure - je l'ai cru - montant les escaliers il y avait un souffle, un voile flottant dans l'air et qui touchait mes cheveux, tendrement, comme une main. sure she can. j'ai tiré les rideaux, j'ai ouvert tous les livres, partout où je me jetais des bras me rattrapaient. sure she can. sure she can. sure she can. c'est un rire au lointain, c'est la lumière qui monte, c'est la chaleur douce, régulière, toujours surprenante, de mon propre corps, le souvenir d'enfance ou bien l'amant rêvé, partout où je m'avance je n'avance jamais seule.
|