l'immédiate
journal d'O.

 

 

les yeux bleus abandon

20.09.03

à la gare d'austerlitz j'ai pris un café en terrasse avant de monter dans le train, mes mains tremblaient encore sur le bord de la table, je me tenais très droite derrière mes lunettes noires, dans le wagon un type est venu faire la manche, il avait une diction de théâtre et je restais là fascinée pétrifiée à voir ses mots tomber comme des gouttes dans une flaque, le train bruissait de bruits et il glissait doucement, ses mots son seul bagage, la seule chose qui le tient debout, le dernier arrêt avant la fin la déchéance la chute immense sans doute c'est le langage, il est parti très vite et je suis restée triste, je me sentais idiote d'être jeune et vibrante, tout le long du voyage j'ai montré à l'enfant qui était près de moi le grand serpent d'argent du monorail désaffecté qui court dans la campagne de Paris aux Aubrais, et je pensais au moment où surgissant dans la gare d'austerlitz tout à l'heure j'étais tombée noyée dans les yeux bleus d'un jeune homme dans le hall - il s'était arrêté comme figé de l'autre côté de la glace, du miroir, il avait avancé sa main et il avait souri, il ne voyait que moi et je ne voyais que lui - faisant claquer mes talons et souriant doucement j'avais remis mes lunettes de soleil et puis j'étais partie.

 

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