l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

modern love

27.04.04

complètement folle dans la rue, ivre de bruits, de couleurs, flirtant avec le fleuve, la foule chaude et secrète, languide et dangereuse sur le bord lisse des ponts, sur le bord de ma peau, tout ce qui m'emporte en avant - j'appuie mon front à la vitre des trains, coeur filant sur les rails, sur les chaises des cafés comme agacée de ma robe, touchant tout le temps mes cheveux, ma bouche, ma poitrine, somnambule et furieuse dans les conversations sages, croyant à tout moment qu'on m'appelle ou bien qu'on va venir me chercher, éperdue de passion penchée aux balustrades, avec ce vent très froid soudain qui me glace les épaules un peu comme une main, et je souris, je quitte tout le monde sans mot dire, je marche dans la nuit au milieu des fontaines, les mille gouttelettes d'eau en myriade sur ma peau, diamants clairs, larmes de lune, yeux multiples, tant d'amour, dans la rue je suis comme Denis Lavant dans Mauvais Sang quand il court comme un fou sur une chanson de Bowie, c'est à dire que tout peut arriver, que tout va arriver, de la même exigence délirante du corps, la même urgence, pour "l'amour qui va vite, très vite, mais qui dure toujours".

 

avant - après
index - journal
ego -
archives -

© 1999-2006