l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

l'étrangère

01.02.04

Ginza. quand toute la foule traverse d'un coup les grands carrefours mouvants j'ai le coeur qui chavire, qui dérive à vau-l'eau, au hasard des enseignes qui donnent jour à la nuit et des musiques qui filent, qui roulent comme des torrents, il me retient tranquille, il est là dans sa ville, les escaliers qui s'offrent, que je n'avais pas vus, une femme en kimono, une pièce et des passages, par panneaux lents glissants, un autre monde qui s'ouvre. le regard tout de suite je l'attire comme l'aimant, le reproche ou l'envie sous le masque du visage, ça n'est pas tant de moi que l'on se préoccupe mais de lui, qui dîne avec une étrangère, et toujours il est drôle ce regard japonais qui regarde sans fixer, qui classe sans évaluer, toute la foule de la ville qui vous traîne sans vous fondre, vous emmène sans vous prendre, il pourrait rendre fou si n'était le mouvement, la vitesse des grandes rues qui détache de soi-même, l'ivresse légère du soir aux lumières et aux cris, l'abandon, c'est le mot, comme le lapin d'Alice tombant à toute allure, gorge gonflée, les yeux clos, il n'y a pas d'obstacles, et il n'y a pas de fond.

 

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