l'immédiate
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semelles de vent 02.02.04 le matin, la fatigue - il y a ce ciel si lourd qui me prend et m'épuise, la folle allure du monde, toutes ces langues en ma bouche, les grands rêves, le désir. je disparais dans la ville froide, l'arc d'argent des railways, le ciel noir qui s'en vient sur les rues comme une main, coulant le long des berges avec les sables mouvants des fleuves paresseux. au hasard d'Harajuku une sonnerie stridente dans une cabine téléphonique et je décroche - rien, rien encore à Shibuya, la grande foule folle sans peau, la pluie seule tombe enfin et me mouille les cheveux, un baiser sur les lèvres, caché dans ma poitrine le ruisseau du souvenir, air bleu tiède et liquide qui danse la carmagnole, l'été des foins coupés, l'été des fuites superbes, deux trois amours splendides qui me construisent encore, et chantant dans ma tête au hasard des stations, chamailleur et vivace qui ramène la couleur, ce vieux bougre de Rimbaud me sauve de ma langueur.
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